Négociations bruxelloises : la majorité francophone avance

Invité politique de BX1, pour parler de la formation du Gouvernement bruxellois et des majorités communales.

La majorité francophone avance

Pour rappel, depuis aout, les partis francophones ont un accord. Là où le bât blesse, c’est du côté néerlandophone. Les partis néerlandophones n’ont toujours pas trouvé un accord entre eux. Conclusion : Bruxelles n’a toujours pas de Gouvernement de plein exercice.

C’est pourquoi, le MR, le PS et Les Engagés démarrent cette semaine les négociations sur toutes les compétences uniquement francophones de Bruxelles (COCOF). Cela fait presque 5 mois que la Région est sans Gouvernement, on ne peut plus attendre. J’ai indiqué la deadline du 15 novembre pour les partis néerlandophones. Passé cette date, la majorité francophone avancera sur plusieurs dossiers. L’objectif n’est pas qu’il y ait 45 députés francophones qui s’opposent à 9 députés néerlandophones, mais le temps presse.

En effet, la Région bruxelloise doit remettre son budget à l’Europe pour décembre. Et, en mars 2025, l’agence de notation va à nouveau revoir la note de Bruxelles. Si on ne propose pas vite un budget, la note sera à nouveau dégradée.

Débat de fond > Débat de forme

Enfin, concernant les propos d’Ahmed Laaouej nous traitant de « racistes », je ne pense pas qu’il y croit. Pour rappel, le Président du PS bruxellois a déclaré dans La Libre du 2 novembre que « Le veto du MR contre Hassan Koyuncu comme Bourgmestre de Schaerbeek, c’est du racisme ».

Il faut arrêter d’assimiler le Mouvement réformateur à quelconque once de racisme. Il n’y a jamais eu autant de diversité sur la liste MR lors des élections régionales. On compte 21 députés. On m’a d’ailleurs critiqué pour cela. Aujourd’hui, ce sont les députés MR, issus de la diversité, qui sont outrés de voir que certains utilisent encore cet argument identitaire, de racisme pour mettre le MR de côté.

Le statu quo institutionnel mènera à l’écroulement de la Région bruxelloise

Interview donné pour L’Echo afin de revenir sur la situation politique actuelle.

C’est inédit, le ministre-président putatif de la Région bruxelloise sert de médiateur à la formation de la majorité néerlandophone dans la capitale. Un parti devra accepter une sorte de «super commissaire» au gouvernement, estime le libéral David Leisterh.

Le leader MR de la formation francophone sert de «médiateur» côté néerlandophone, selon ses propres termes. Du jamais vu en 35 ans d’histoire de la Région de Bruxelles-Capitale. Pour rappel, il faut une majorité au sein des 17 sièges néerlandophones du Parlement bruxellois. Groen est sorti premier des urnes avec quatre sièges, devant la Team Ahidar (trois), Vooruit, Open Vld et Vlaams Belang, avec chacun deux sièges, et PTB et CD&V (un siège chacun). David Leisterh dirige une alliance MR-PS-Engagés, il a accepté de répondre à L’Echo dans la foulée de ses rencontres avec les partis néerlandophones.

Pourquoi vous impliquez-vous autant dans la formation de la majorité néerlandophone? Ne revient-il pas aux partis néerlandophones de trouver une solution entre eux?

Je n’agis évidemment pas ici comme formateur. Mais à situation inédite, approche inédite. J’ai proposé mes services pour avancer. Je joue un rôle de médiateur et j’exerce une pression, car je suis pressé. Je ne peux pas rester à attendre. Elke Van den Brandt (ministre sortante Groen en charge de la Mobilité, NDLR) avait annoncé qu’elle n’était plus formatrice suite à l’épisode de la LEZ. Si on comptait sur Fouad Ahidar, on aurait encore attendu un certain temps, j’ai donc pris des contacts pour tenter de trouver une solution au problème de départ: il faut quatre partis pour faire une majorité pour trois postes dédiés aux néerlandophones au sein du gouvernement. Les réunions de ces derniers jours sont constructives. Je veux croire à une solution d’ici peu.

Vous faites, paraît-il, des propositions originales. Prennent-elles?

Fébrilement, oui, car dans un contexte budgétaire compliqué, on ne peut plus attendre. Il faudra un sens des responsabilités pour tous, et pour l’un ou l’autre, un sens du sacrifice. Un des partis n’aura peut-être pas le rôle dont il a rêvé avec un ministre ou un secrétaire d’État, mais une autre fonction qu’on souhaite la plus impactante possible. Celui ou celle qui acceptera ce rôle devra être récompensé.

Commissaire de gouvernement ou présidence de l’assemblée, normalement occupée par un francophone?

On doit davantage se concentrer sur un rôle de commissaire du gouvernement qui ne se résume pas à une mission de réflexion avec remise de rapport à long terme. Il faut un impact au jour le jour, et les chantiers sont tellement nombreux que, honnêtement, une personne de plus, dans le cadre actuel, ne sera pas de trop. Je pense en particulier au budget, à une sorte de gardien des deniers publics en soutien au ministre ou secrétaire d’État. Cela lui donnerait l’opportunité d’être présent dans les discussions quotidiennes du gouvernement.

M. Bouchez a indiqué que des accords PS-PTB au niveau local auraient des conséquences. Lesquelles?

Je refuse de croire que PS et Ecolo puissent faire des accords avec les communistes. Les libéraux ont des demandes fortes dans certaines communes, mais elles reposent sur une série de victoires et un historique sain. Ce n’est pas le cas des communistes et des communautaristes. Il ne faut pas jouer avec le feu.

Cela nuirait à vos relations avec le PS?

Si PS ou Ecolo servaient la soupe aux communistes, cela nuira à nos relations, c’est évident. Comment gérer une région comme Bruxelles avec les communistes au pouvoir dans certaines communes? La situation budgétaire est catastrophique, on doit recréer de la cohésion sociale et de la capacité fiscale. Certains font trop rapidement abstraction des exactions du communisme. Ils devraient s’en souvenir quand ils discutent de majorités.

Quelles nouvelles du comité de pilotage budgétaire?

Il a demandé un délai supplémentaire, il entre dans la granularité du problème. Il ne va pas nous remettre une simple analyse, mais des trajectoires, des pistes que nous, politiques, aurons à trancher. Elles doivent être crédibles, car vu la situation, la Région risque de perdre la main sur son propre destin.

Bientôt des coupes dans le personnel régional?

Cette approche n’apparaît pas, si c’était le cas je n’en parlerais pas, car c’est une des dimensions les plus sensibles d’un budget. On a eu une explosion de dépenses en la matière, mais on ne doit pas travailler qu’au niveau du personnel. Les marges de manœuvre sont faibles en recettes, en dépenses elles existent, mais sans forcément un rendement budgétaire direct. Or, le gouvernement précédent a annoncé des économies de plusieurs centaines de millions aux agences de notation, si on s’en écarte, la note pourrait être dégradée, ce qui aura un impact sur le coût de nos emprunts et donc sur notre déficit. On doit agir dès maintenant avec courage.

On entend que certaines administrations ne respectent pas le moratoire sur les engagements.

C’est correct. Il y a eu des propositions d’engagements émises à la veille de l’entrée en vigueur du moratoire, il y a des tentatives de passer par la bande pour gonfler tel ou tel département. C’est dangereux.

Le gouvernement en affaires courantes les bloque?

Il assume ses responsabilités, mais il est nécessaire de rappeler à certains que certaines dépenses n’ont plus lieu d’être. Et il y a des verrous administratifs.

Le système politique bruxellois semble arrivé à ses limites. Le MR est-il décidé à le mettre en chantier au niveau fédéral?

Bien sûr on va le faire. Et on ne sera pas seuls. Sinon, la prochaine fois ce sera impossible de former un gouvernement. Côté néerlandophone aussi on a conscience qu’il faut du changement. Le statu quo institutionnel mènera à l’écroulement. On ne pourra plus longtemps se cacher derrière une complexité administrative pour expliquer l’absence de résultats tangibles pour le citoyen.

Le PTB négocie son entrée en majorité à Forest, est-ce de nature à freiner le redéveloppement du site? Le parti a fait campagne sur la taxation des grandes entreprises.

Effectivement, il y a deux projets phares à Forest. Un investisseur britannique est prêt à mettre 70 millions dans un stade à Forest, ce qui est générateur d’emplois, de richesses et de divertissement. Vous aurez aussi un potentiel repreneur d’Audi, à qui il va falloir expliquer que la commune est gérée par des communistes. Le stade risque de se construire ailleurs, en Flandre par exemple, et Bruxelles de se retrouver sans repreneur pour Audi.

On entend parfois que le MR a raté le deuxième tour des communales? Au niveau des maïorats, la pêche est maigre, non?

Nous avons gagné ces communales. Nous étions dans six majorités, nous sommes aujourd’hui dans dix majorités et il reste deux à trois grosses communes à décider. Le MR compte 50 conseillers communaux et 18 échevins de plus. Nous n’avons qu’un seul mayeur en plus, ce qui n’est pas suffisamment représentatif.

C’est un problème, vu le poids pris par la conférence des bourgmestres?

C’est vrai, c’est là tout le problème du MR. Même si on fait 30%, on arrive quasi chaque fois à 60% des forces politiques contre nous. les phrases clés «Je refuse de croire que PS et Ecolo puissent faire des accords avec les communistes.» «La N-VA, ici, ne joue pas son rôle de formateur en plein , mais déroule son programme pour Bruxelles.» «Si Audi n’arrive pas à trouver un repreneur, nous sommes prêts avec une série de pistes .»

Interview complète à retrouver ici.

Reprise de la formation du Gouvernement

Ce lundi, avec la gagnante des élections du côté néerlandophone, Elke Van den Brandt, nous avons repris contact en vue de la formation du Gouvernement bruxellois.

Aucun texte ne sera déposé tant qu’il n’y a pas de négociateurs autour de la table. Or, ce n’est toujours pas le cas. On ne peut pas non plus indéfiniment tenir le Parlement en otage. Et puis deux, il reste des dossiers sur lesquels on ne sera pas d’accord. Nous voulons arrêter Good Move par exemple. Elle, pas. Et donc, il y aura des moments de tension, c’est sûr.

Une situation budgétaire à régler

Le groupe d’experts travaille et il travaille bien. On aurait déjà dû rendre un budget hier pour bien faire. La situation à Bruxelles est probablement la plus dramatique de toutes les entités publiques du Royaume. Et donc heureusement qu’on a ici décidé de ce comité d’experts qui va nous remettre des propositions. Mais il faudra aller vite et surtout être crédible et efficace.

 

Majorités communales, négociations régionales : je fais le point

Pour Bruzz, je suis revenu sur les élections communales de ce 13 octobre ainsi que sur la reprises des négociations en vue de former le Gouvernement bruxellois. Interview à retrouver ici. 

Élu pour agir

Le Mouvement réformateur est la plus grande force e politique à Bruxelles. Le MR compte 21 députés. J’ai été très clair sur certains sujets. J’ai été élu pour agir, pas pour attendre. C’est notamment pour cette raison que le MR a pris les devants il y a un mois concernant les primes Renolution et le report de la prochaine phase de la LEZ.

Gouvernement bruxellois : quid ?

La majorité du côté néerlandophone se fait attendre. Par conséquent, je n’ai personne à inviter autour de la table. Des contacts ont été repris avec Mme Van den Brandt pour relancer la formation de la majorité côté néerlandophone. En tant que futur Ministre-Président, j’ai énormément de contacts avec tout le monde, avec tous les partis démocrates flamands. J’ai besoin d’une majorité, mais le plus grand parti reste Groen et si le plus grand parti ne veut pas une telle majorité, je ne peux pas aller plus loin.

Concernant la mobilité, je veux m’éloigner du cliché. Nous sommes résolument favorables à un changement de mobilité. Il y a certains endroits où il faut absolument revenir en arrière, où il y a plus de congestion, plus de pollution.

 

 

 

Notre programme est clair : Good Move c’est stop !

Invité de la matinale de Bel RTL, j’ai rappellé la position du MR concernant Good Move : c’est stop. Les Bruxellois et les Bruxelloises ont élu le MR premier parti à Bruxelles. Ce choix est synonyme d’une chose: ils veulent une politique différente du passé.

Après 20 ans d’opposition, le MR veut donner une nouvelle impulsion à la Région bruxelloise.

Formation du Gouvernement : quésaco ?

Il est urgent d’avoir un Gouvernement. Les Bruxellois veulent des mesures pour notamment régler le déficit de 2 milliards (sur un budget de 7-8 milliards).  Les navetteurs de la Gare du Midi attendent des transformations et une sécurité accrue. Les commerçants rue de Brabant attendent une amélioration de la propreté.

Pour rappel, la majorité francophone est formée et sera constituée du MR, du PS et des Engagés. La majorité francophone est dans l’attente depuis début aout de la majorité néerlandophone qui tarde à venir. Cette situation est notamment dû au fait qu’un parti, « Team Fouad Ahidar », a récolté énormément de voix de la part des électeurs francophones alors qu’il est catégorisé comme parti néerlandophone. Pour régler à ce problème de poids des néerlandophones, j’opte pour des listes bilingues. « Lorsque vous regardez les élections communales, presque tous les partis, dans chaque commune bruxelloise, ont opté pour des listes bilingues. Faire le même à la Région permettrait de résoudre ce problème« .

Enfin, concernant le choix de Madame Van Den Brandt à se retirer de son rôle de formatrice côté néerlandophone, j’appelle à la responsabilité. « Le MR ne partage pas du tout le même programme que Groen. Mais nous sommes des personnes de responsabilité, et c’est autour de la table que vous trouvez des compromis. Nous avons tous des différences. Lorsque vous faites un Gouvernement, vous devez dépasser les clivages , pas vos différences. »

Interview à retrouver ici.

Un Gouvernement rapide pour des décisions efficaces

Invité sur La Première, j’ai rappelé à quel point il est important de former rapidement un Gouvernement. En effet, les nombreuses consultations avec la société civile durant plusieurs mois et particulièrement avec les acteurs des finances bruxelloises durant 2 semaines montrent l’urgence de politiques ambitieuses. Le déficit actuel était de 1,4 milliards pour un budget de 7 milliards. Si les choses restent en l’état, le déficit monterait à 2,4 milliards pour 2025, soit plus de 1 milliard.

Réunion avec la quasi totalité des partis de la majorité

Pour la première fois, la quasi-totalité des partis qui formeront le prochain Gouvernement bruxellois se sont réunis (il manque encore un parti pour compléter la majorité néerlandophone). Le mot d’ordre a été le suivant : l’urgence de former un Gouvernement. Du côté francophone : MR, PS, Les Engagés. Du côté néerlandophone : Groen, Vooruit, Open VLD. Le parti manquant sera probablement le CD&V pour compléter la majorité néerlandophone.

La dynamique actuelle vise à comprendre et dresser la situation budgétaire afin de tous s’aligner. La prise de décision est remise à plus tard, lorsque la majorité sera réellement complète.

Élections communales : important d’avoir une politique complète

Nous souhaitons doubler le nombre de majorité dans laquelle le MR est présent (six actuellement). En outre, pour des politiques réellement efficaces, il ne suffit pas de gagner qu’en juin pour les régionales mais également en octobre pour les communales. C’est comme en France, vous pouvez gagner la présidentielle du mois de mai, mais, si vous ne gagnez pas les législatives du mois de juin, c’est compliqué. C’est identique à Bruxelles.

Interview complète à retrouver ici. 

Conquérir Bruxelles « en s’inspirant d’Obama »

Ces 6 derniers mois, Le Soir m’a suivi pour tracer mes journées et analyser davantage les recettes du MR Bruxelles.

 

 

Obama l’a fait, pourquoi pas lui ? Bon, d’accord, on pousse un peu. Mais tout de même. C’est bien de la campagne menée par l’ex-président américain pour décrocher le bureau ovale que s’inspire la tête de liste MR en Région bruxelloise. Rien de moins.

David Leisterh sait qu’il part avec un handicap sérieux. Le patron des bleus de la capitale n’a récolté que 1.988 voix en 2019, à la 9 e place sur la liste régionale. Certes, il occupe désormais la première, mais pour approcher les 16.856 voix de la tête de liste de l’époque, Françoise Schepmans, il y a du boulot. « J’ai un déficit de notoriété gigantesque », confesse-t-il. « Je dois toujours justifier ma légitimité et ma crédibilité. » Sachant qu’en face, il affronte l’écolo Zakia Khattabi et le socialiste Ahmed Laoouej, quelque 30.000 voix chacun en 2019 (à la Chambre). Alors il en est convaincu : « Si je n’ai pas une campagne bien organisée, ça n’ira pas. »

Depuis deux ans, il y travaille donc, à cette campagne : esquissant un projet de réformes à imposer « en 100 jours » ; ciblant des thèmes prioritaires (sécurité, mobilité, propreté, mais aussi emploi et budget) ; élaborant avec un communiquant un narratif bruxellois spécifique… Et s’inspirant d’Obama, donc : « Il avait priorisé certains Etats dans lesquels il a fait campagne de façon approfondie en 2008, quartier par quartier. Nous avons fait pareil : on a mis le focus sur cinq communes dans lesquelles on a perdu le plus de voix en 2019, qui représentent quelque 300.000 électeurs, soit à peu près la moitié : Bruxelles-Ville, Molenbeek, Ixelles, Anderlecht et Schaerbeek. On n’avait plus parlé aux gens de ces quartiers depuis longtemps. Une fédération de commerçants locaux m’a dit un jour que j’étais le premier MR qu’elle rencontrait. »

David Leisterh a clairement identifié ses deux défis, l’un personnel, l’autre collectif : se faire connaître et implanter le MR dans les communes du nord de la Région – sans perdre l’électorat libéral classique du sud.

Alors c’est parti.

Stratégie en trois temps

« Bruxelles a été divisé en quartiers et on avance sur plusieurs de front et en trois temps : d’abord, de la promotion sur les réseaux sociaux pour annoncer notre venue. Puis du porte-à-porte. Ensuite un apéro-rencontre dans ces quartiers avec Sophie Wilmès ou Hadja Lahbib comme produit d’appel. » Au final, ce vaste programme a pris pas mal de retard, les apéros sont moins nombreux que prévu (trop lourds en logistique) et Sophie Wilmès, candidate à l’Europe, moins présente. Mais la stratégie de terrain reste prioritaire.

David Leisterh enfonce régulièrement le clou. Comme ce soir de décembre, dans un établissement de la Grand-Place, avec les responsables de la section de Molenbeek. « Je sais que vous faites du terrain, mais y a-t-il des endroits où on peut aller un peu plus ? Comment faire pour qu’un maximum de gens nous voie en un minimum de temps ? » Et il interroge : « Pourquoi n’y a-t-il pas davantage de faiseurs d’opinion issus de la diversité dans nos rangs à Molenbeek ? » Réponse : « Laisse-nous un peu de temps, David. Ce n’est pas simple pour eux de venir au MR à Molenbeek, ils ne sont pas bien vus quand ils franchissent le pas, même si cela évolue. » Car ceux qui sont tentés de franchir ce pas, explique-t-on, sont découragés, ciblés sur les réseaux sociaux, voire menacés. « Certains se sont retirés deux jours avant le dépôt des listes en disant que c’était trop de pression », confiera plus tard David Leisterh. Et la situation à Gaza ne facilite pas la tâche des bleus… Sans oublier, relèvent les Molenbeekois, qu’« il nous faut continuer à chouchouter notre électorat traditionnel ».

« Moi, je n’en dors plus »

Attirer de nouveaux profils sur la liste régionale, des candidats, singulièrement des candidates, issu(e)s de la diversité n’a pas été une sinécure. Plusieurs ont été approchées et ont refusé. David Leisterh y a passé des semaines. Avec cette difficulté : placer les nouveaux revient à reléguer parfois loin, voire à des places de combat, des libéraux de longue date ou députés sortants. Et à passer des dizaines de coups de fil délicats – « Je ne suis vraiment pas fait pour ça… » Ce jour-là de février, c’est Françoise Schepmans qu’il doit convaincre : « Es-tu prête à m’aider ou pas ? J’essaie d’avoir le reflet de la diversité dans le top dix. Tu as l’avantage de faire tes voix toute seule. Ça m’aiderait si tu acceptais la 8 e place (elle aura finalement la 9 e , NDLR). Dors dessus. Moi je n’en dors plus depuis trois semaines… »

Lors d’une soirée Tupperware à Auderghem, en mai, la question de la diversité lui est posée : « Pourquoi avoir été chercher des proches d’Emir Kir (ex-PS) ou Youssef Handichi (ex-PTB) ? » David Leisterh assume : « J’ai une certaine admiration pour les candidats MR qui vont plaider pour la neutralité de l’Etat, l’abattage avec étourdissement, chaussée de Gand ou gare du Nord. » « Ils le font ? », insiste un citoyen. « Oui, ils le font ! Notre parti défend une société universaliste qui repose sur un socle de valeurs communes, dont la neutralité de l’Etat, et pas l’immixtion de la religion dans la sphère publique. Je veux un groupe MR au parlement bruxellois très fort sur les valeurs et diversifié. Sinon, on contribue au communautarisme. Et je tiens le même discours ailleurs, pas que dans les quartiers cossus. »

« Bonjour, je me présente… »

Allons-y, ailleurs. Pour un porte-à-porte en fin d’après-midi, au départ de la place Jardin aux fleurs, au cœur de la ville de Bruxelles. « Certains n’avaient jamais vu un MR dans ces quartiers. On veut montrer qu’on n’est pas les crapules que d’aucuns disent. » Ils sont une bonne demi-douzaine, simple pin’s MR sur la poitrine et petit tract à la main, à se partager les deux côtés des rues.

Des portes restent closes, quelques habitants refusent poliment la carte tendue. Mais le discours de David Leisterhest rodé : « Bonjour, je suis tête de liste régionale pour le MR aux élections, je voudrais me présenter à vous. Cela fait longtemps que vous habitez ici ? Comment ça se passe ? » « Ça va, il y a des petits problèmes », répond cet homme issu de la diversité : « J’ai été cambriolé deux fois, ils ont tout pris, mes enfants ont parfois peur. » Le libéral laisse sa carte, « merci de votre accueil », sans un mot sur le programme sécuritaire du MR. « Non. Il faut agir au feeling et ici, il parlait plutôt du choc ressenti suite aux cambriolages. »

Plus loin, il va pouvoir développer, avec cet habitant « depuis 1989 », également d’origine étrangère, qui se plaint : « Le quartier a fort évolué, et pas en bien, c’est la galère en termes de sécurité… » Leisterh place son couplet : « On juge trop lentement en Belgique, et pas assez sévèrement. Le MR plaide pour une justice plus efficace. La sécurité, c’est la base. » L’homme opine, prend la carte qu’on lui tend. Comme cet autre, manifestement bleu convaincu, qui glisse : « Ici, tout va bien… à part Good Move. »

« Installer mon cabinet gare du midi »

Mais il en faut plus pour se faire largement connaître. Alors après les marchés de Noël en décembre, le tour des 19 sections locales en janvier, David Leisterh multiplie les apparitions : dans un salon de thé à Cureghem pour suivre un match de foot, au vernissage d’une expo, à une pièce de théâtre de jeunes de Molenbeek, au déjeuner d’entrepreneurs immobiliers à Uccle… Passant d’un rendez-vous à l’autre à moto trois roues. Car il lui faut maintenir deux fers au feu : « Le monde de la bourgeoisie et des entreprises au sud de Bruxelles et celui de la diversité au nord. »

En mars, il entame la phase active des débats : quatre, cinq, par semaine, dans les écoles, les organisations patronales ou syndicales, les associations, les médias… Il les prépare soigneusement : « Je dois tous les gagner, je n’ai pas le choix. Je ne peux pas me permettre une erreur, on ne me laissera pas me tromper. » A partir d’avril, les porte-à-porte prennent de l’ampleur, les soirées Tupperware chez des habitants aussi, où de 10 à 80 personnes viennent l’écouter, l’interroger. Entre les coups, il se relaxe avec les mémoires de Margaret Thatcher, après avoir lu Leadership d’Henry Kissinger, nage, court.

Ce soir de mai déjà évoqué, ils sont une quinzaine à Auderghem pour la soirée « Tup’ ». Ici, pour convaincre, David Leisterh personnalise son discours : « J’ai été indépendant, on a ouvert un petit resto avec ma femme, j’ai vu comment la mobilité, les charges, les taxes… peuvent tuer un petit commerce. Après deux ans, on a arrêté, pas moyen de gagner un euro. » Le discours passe… Et pour prouver le sérieux des réformes qu’il porte en termes de création d’emplois, de propreté, de mobilité, de partenariat public-privé, il explique avoir été découvrir « ce qui s’est fait à Glasgow, Copenhague, Malines, Paris ». Et à la classique remarque sur le côté clivant de son président et « meilleur ami », il réplique : « De moi, certains disent que je ne serai pas un bon négociateur ou un bon gestionnaire parce que je ne fais pas de la politique de façon agressive. »

Pendant près de trois heures, sans notes, il répond encore aux questions sur les loyers trop chers, le libéralisme social (« Je serais très heureux de gouverner à Bruxelles avec Les Engagés »), « l’islam politique » (« Je ressens un repli communautaire et religieux assez puissant dans certains quartiers »), la violence dans les rues… Et conclut sur cet engagement : « Je voudrais installer mon cabinet gare du Midi et y rester jusqu’au moment où le problème dans le quartier est résolu. »

Ce n’est pas la seule de ses singularités : « Depuis toujours », confie David Leisterh pourtant en pleine campagne électorale, « j’ai envie de donner des cours de français en Angleterre et de travailler le soir dans un bar fish and chips ! » Bon, ministre-président bruxellois, après le 9 juin, il est preneur aussi !

Sécurité : avoir une politique des poursuite réellement efficace

Si l’on veut réellement augmenter la sécurité des Bruxellois, il faut mettre en place une réelle politique de poursuite. trop de fois, des personnes sont relâchées trop rapidement, après 24h, et commettent d’autres méfaits dans la foulée.

En gardant la situation identique, vous ne mettez pas en valeur le travail des policiers et, de facto, peinez à en recruter pour certaines zones.

 

Intégralité du débat de Déclic à revoir ici.

Sécurité : faire appel au corps de sécurisation et à l’armée

J’étais l’invité dans Bonjour Bruxelles sur BX1.

Deux nouvelles fusillades ont eu lieu ce week-end dans la capitale. “C’est presque trois fusillades par semaine“, déplore David Leisterh, chef de groupe MR au Parlement bruxellois. “Il y a régulièrement de gros problèmes d’insécurité.”

Selon lui, il faut commencer à prendre des mesures similaires à Anvers. “Je pense qu’il faut aller un pas plus loin, avec le corps de sécurisation et, pourquoi pas, l’armée“, continue-t-il. Le corps de sécurisation est une unité plus spécialisée et plus armée. “On ne peut pas laisser les gens vivre dans une telle terreur.

Concernant des renforts fédéraux, David Leisterh indique : “Il faut rappeler qu’il y a un Ministre-Président, avec des compétences plus fortes en matière de justice et de police, qu’il peut davantage convoquer.” Il précise : “Il faut montrer qu’il y a un chef en ville“.

Baisse de la note Standard & Poor’s

C’est catastrophique“, poursuit le chef de groupe MR. “On a une dette qui a triplé en dix ans de temps.”

L’image de Bruxelles en prend un coup.” Selon lui, des investissements doivent être faits “et on sait encore moins comment on va les financer“.

Il faut assainir le budget“, poursuit-il.

Élections régionales

Bruxelles a peut-être compris qu’après 20 ans sans libéraux, il fallait changer de camp.”

Interview complète à retrouver ici.

« Je suis prêt à être impopulaire en portant les réformes nécessaires pour Bruxelles »

Pour l’Echo, je dresse la situation sur Bruxelles et livre plusieurs mesures.

 

Même si le MR est toujours numéro uno à Bruxelles dans les sondages, David Leisterh reste prudent. Oui, il espère obtenir un mandat fort au soir des élections pour pouvoir mener une coalition de centre-droit. Non, les déboires internes de DéFI ne le réjouissent pas, assure-t-il. « Je veux un centre fort pour contourner la gauche ». Si le PS et Ecolo se maintiennent, le combat sera très difficile, car leurs programmes ne correspondent pas à ce que le MR veut faire à Bruxelles.

« Déjà, il va falloir assainir les comptes, car tout a explosé en dix ans, et pas uniquement parce qu’il y a eu des crises. Cela va être très dur, car cela va nécessiter des rationalisations de structures et des mesures d’écononomies. Mais je suis prêt à être impopulaire parce qu’on aura porté les bonnes réformes. Il faut oser dire aux Bruxellois que les années qui viennent ne vont pas etre faciles. »

On glisse que c’est Sven Gatz de l’Open Vld qui se trouvait à la manoeuvre pour le budget. « C’est la question piège à laquelle je dois pouvoir répondre. Un élément, que je ne voudrais pas vivre: ils étaient seuls comme libéraux et c’est un petit parti face à une série de ministres qui ont laissé leur budget déraper. Mais l’erreur peut provenir d’une absence de contrôles budgétaires à intervalles réguliers. Comme au Fédéral, il en faut tous les deux ou trois mois minimum. Je suis sur en tout cas qu’il n’attend qu’une chose, c’est qu’on puisse venir l’aider. »

Outre le budget, la réforme la plus urgente concerne l’emploi et la formation. « Si l’on prend les 253 régions au niveau européen, Bruxelles est 123e en termes de taux d’emploi donc on est loin derrière », indique David Leisterh.

Parmi ses mesures: une prise en charge immédiate des demandeurs d’emplois, des sanctions plus rapides et un plus grand nombre de personnes formées. « Ce nombre diminue d’année en année. Il y a là aussi un choix budgétaire qui risque de ne pas être populaire, c’est de n’investir que dans les formations qui fonctionnent. Aujourd’hui, trop de formations disponibles ne mènent pas à l’emploi.

On veut financer les formations au prorata du taux de remise à l’emploi, en tendant davantage la main aux entreprises comme en France. Je pense aussi que beaucoup de Bruxellois trouveront plus facilement des clients qu’un patron. Il faut faire passer de un à deux ans le temps où l’on peut bénéficier d’allocations de chômage pour lancer son entreprise. »

Droits d’enregistrement, entreprises, sécurité, ….

Dans son programme, le MR prévoit la révision progressive des taux de droits d’enregistrement de 12,5% à 3% pour faciliter l’accès à la propriété. Réaliste? Pas sur le temps d’une mandature, admet David Leisterh qui évoque l’exode grandissant des classes moyennes.

D’où la volonté de s’aligner à terme sur la Flandre en matière de droits d’enregistrement et de les suivre sur la « garantie logement » pour les primo-acquéreurs, ce qui consiste à garantir la partie du prêt bancaire excédant 90% de la valeur du bien. « Si on ne fait pas pareil au minimum là-dessus, on va perdre, j’en suis convaincu. Il faut le voir comme un investissement parce que si les ménages restent, ce sont des ressources fiscales qui ne partent pas. »

David Leisterh ne nie pas l’existence d’une crise du logement. Pour lui, celle-ci est la conséquence de la rareté de l’offre et la priorité est donc d’accélérer la délivrance des permis. « Aujourd’hui, on y perd trois fois: plusieurs milliers d’emplois qui ne sont pas créés en raison de la lenteur des constructions et rénovations. La rénovation du bâti, à l’origine de 60% des émissions de CO2, est trop lente. Et il y a 3.400 unités de logements construites en un an alors qu’il en faudrait 40.000 d’ici 2030« , chiffre David Leisterh qui ne veut pas entendre parler d’encadrement des loyers.

« On a étudié ce qui s’est fait à Paris et à Stockholm. Cela crée un marché parallèle et une diminution drastique du nombre de mises en location. »

On enchaîne sur les entreprises, dont la création baisse à Bruxelles, devenue selon David Leisterh « une terre d’incertitudes pour ceux qui veulent y investir ». D’année en année, trois élements reviennent dans les mémorandums de Beci: la sécurité, la mobilité et le cadre de vie, singulièrement la propreté, rappelle le libéral qui prône là aussi des réformes claires.

Pour la sécurité, il concède que Bruxelles n’a pas toujours la main: oui, le Fédéral doit revoir la norme KUL (qui définit la subvention fédérale pour chaque zone de police) et il faut plus de magistrats. Mais il cible les partis de gauche qui refusent de renforcer l’arsenal pénal. « Les policiers que je rencontre souffrent de la dévalorisation du métier. Tout le secteur est vilipendé dès qu’un agent fait quelque chose de travers. Et surtout dès qu’ils chopent l’auteur d’un délit, ce dernier est de nouveau librement en balade dans la rue le lendemain. Cela ne donne pas envie de s’investir. Lors de l’opération coup de poing à la Gare du midi en septembre dernier, 56 personnes ont été interpellées. Le lendemain, 47 étaient relâchées. »

Tolérance zéro

Alors qu’on a augmenté le nombre d’agents à Bruxelles-Propreté, la lutte contre les incivilités reste médiocre. Il faut renforcer cela, il en va de l’image de Bruxelles« , affirme David Leisterh qui pointe une cause idéologique au manque de sanctions. « À gauche, la mentalité est d’accompagner et de bisounourser la ville. Moi je crois qu’à un moment donné, il faut faire comprendre que non, ce n’est pas normal de jeter son papier par terre. »

L’un de ses slogans est de ramener du beau dans la ville. Bruxelles est-elle moche? « Certains quartiers ressemblent à des porcheries. C’est le cas tout autour de la Gare du Midi. Je ne suis pas fier de cela et je veux que cela change. On fait du porte à porte dans toutes les communes depuis cinq ans et c’est le sujet qui revient au moins seft fois sur dix. »

On l’interroge sur la fracture urbaine, avec des quartiers aux niveaux socio-économiques totalement différents. Échec de la mixité sociale? « Cela traduit un échec beaucoup plus lourd: 37,6% des ménages bruxellois sont en-dessous du seuil de pauvreté. Quatre enfants sur dix grandissent dans la pauvreté. Imaginez un seul instant que le ministre-président ait été MR depuis vingt ans. Ils nous flingueraient: regardez, les libéraux ont laissé les plus démunis être encore plus démunis. Mais c’est eux qui ne sont pas parvenus à créer un système socio-économique performant. »

Travailler avec le privé

Aux yeux de David Leisterh, cet appauvrissement qui va de pair avec une baisse des recettes fiscales explique aussi les difficultés bruxelloises pour réaliser de grands investissements.

« Il y a quatre chantiers gigantesques qu’ils ne savent pas comment payer: le métro 3, la réhabilitation des égouts, les tunnels et la rénovation du bâti. Je crois qu’on ne doit avoir aucun tabou sur le financement de ces chantiers qui sont tous renvoyés au prochain gouvernement. Pour le moment, tout est financé avec de l’argent public, que ce soit des impôts ou des dotations. C’est idéologique. Alors que dans toutes les autres grandes villes, il y a aussi une main qui s’est tendue vers les investisseurs privés. Cela ne veut pas dire qu’on ne devra pas payer, mais cela permet de répartir le risque et la charge dans le temps« , argumente David Leisterh qui cite l’exemple du PPP pour le réaménagement d’une partie du Ring de Gand.

Le libéral se montre sévère vis-à-vis des partis qui plaident pour un refinancement de la Région-Capitale. Même l’augmentation de la part de l’IPP, une question de justice pour Bruxelles selon Sven Gatz, ne semble pas légitime aux yeux de David Leisterh.

« Bruxelles a été refinancée trois fois et il y a toujours des clés de compensation comme la dotation navetteurs. Si je me mets à la place des partis qui seront au Fédéral face à une telle demande alors que Bruxelles a quand même vachement mal géré ces dernières années, ça va être compliqué à vendre! Dans notre programme, on parle plutôt de responsabilisation des Régions parce pour l’instant c’est surtout le niveau fédéral qui profite de la remise à l’emploi. Derrière, il faut que les Régions chargées de l’accompagnement des demandeurs d’emploi retrouvent leurs billes. »

Retrouvez l’interview complète ici.