Majorités communales, négociations régionales : je fais le point

Pour Bruzz, je suis revenu sur les élections communales de ce 13 octobre ainsi que sur la reprises des négociations en vue de former le Gouvernement bruxellois. Interview à retrouver ici. 

Élu pour agir

Le Mouvement réformateur est la plus grande force e politique à Bruxelles. Le MR compte 21 députés. J’ai été très clair sur certains sujets. J’ai été élu pour agir, pas pour attendre. C’est notamment pour cette raison que le MR a pris les devants il y a un mois concernant les primes Renolution et le report de la prochaine phase de la LEZ.

Gouvernement bruxellois : quid ?

La majorité du côté néerlandophone se fait attendre. Par conséquent, je n’ai personne à inviter autour de la table. Des contacts ont été repris avec Mme Van den Brandt pour relancer la formation de la majorité côté néerlandophone. En tant que futur Ministre-Président, j’ai énormément de contacts avec tout le monde, avec tous les partis démocrates flamands. J’ai besoin d’une majorité, mais le plus grand parti reste Groen et si le plus grand parti ne veut pas une telle majorité, je ne peux pas aller plus loin.

Concernant la mobilité, je veux m’éloigner du cliché. Nous sommes résolument favorables à un changement de mobilité. Il y a certains endroits où il faut absolument revenir en arrière, où il y a plus de congestion, plus de pollution.

 

 

 

Report de la Lez et prolongation des primes Renolution : promesse tenue !

Nous sommes le 4 octobre et à Bruxelles, les néerlandophones n’ont toujours pas de majorité à Bruxelles.

Face à ce blocage politique, mais nous avons refusé l’inaction.

Les urgences à traiter sont nombreuses, et nous avons donc décidé de passer par la voie législative pour régler les plus urgentes.

C’est pourquoi, en séance plénière de ce jour, nous avons voté deux textes importants : le report de la zone à basse émission et la continuité de l’octroi de primes Rénolution.

À Bruxelles, 60 % des émissions directes proviennent du chauffage des bâtiments, et il n’était pas question pour nous de pénaliser les comportements vertueux de ceux qui comptaient sur cette prime en ayant engagé leurs travaux de rénovation.

Pour rappel, l’actuel gouvernement bruxellois a annoncé en juillet dernier de ne plus autoriser, à partir du 16 août dernier, l’introduction de nouvelles demandes de primes. La situation actuelle a suscité une réelle inquiétude parmi les ménages qui comptaient sur ces aides pour financer leurs travaux. Il était donc important pour notre groupe qu’il y ait un respect de la parole donnée et qu’un signal soit envoyé à tous les Bruxellois : « Continuez à isoler, on vous soutient. »

Le vote à l’unanimité de notre texte en commission est un signal important de continuité de l’Etat et de responsabilité.

Nous continuerons à avoir les objectifs les plus ambitieux en termes de transition énergétique, mais nous ne laisserons personne de côté.

C’est pourquoi nous avons aussi voté aujourd’hui le report de deux ans de la LEZ, la zone à basse émission.

J’entends les critiques et les craintes de certains. Je veux y répondre directement :

1/ Ce n’est pas un cas isolé en Belgique. La Wallonie, sous l’impulsion d’une ministre Écolo, et la Flandre ont aussi décidé de donner plus de temps aux automobilistes pour amorcer ces changements. Ne plus enclaver Bruxelles est un objectif clair des signataires de cette proposition.

2/ Certains craignent que le report de deux ans du jalon 2025 puisse nous empêcher d’atteindre notre objectif de réduction de 47% d’ici 2030. Cependant, ce n’est qu’un report de deux ans et il existe de nombreux leviers pour réussir la transition énergétique. Nous sommes pleinement mobilisés pour atteindre les objectifs climatiques tout en créant davantage de soutien au sein de la population.

3/ Il fallait concilier objectifs environnementaux et sociaux. Rappelons que la Région de Bruxelles-Capitale est la région ayant le taux de pauvreté le plus élevé (37,6 %). Pour de nombreux ménages dont le budget est déjà serré en raison des coûts de la vie élevés dans la Région, l’achat d’un véhicule respectant le prochain jalon de la LEZ constitue un investissement difficile à réaliser. Cette situation est d’autant plus complexe pour les familles qui dépendent de leur voiture pour se rendre au travail, particulièrement celles qui vivent dans les zones périphériques mal desservies par les transports en commun.

4/ La transition vers les voitures électriques n’est pas prête. Notre Région est encore très loin de pouvoir répondre à ses objectifs en matière de bornes de recharge. Afin de soutenir la transition vers des véhicules moins polluants, le Gouvernement bruxellois s’est engagé à déployer 22.000 points de recharge (soit 11.000 bornes) pour véhicules électriques à l’horizon 2035. Comme le rappelait Sibelga, il n’y avait que 400 points de charge en 2021 à Bruxelles. L’objectif est d’atteindre 4000 points de recharge d’ici la fin 2024[1]. D’ici la fin de cette année, on atteindrait donc moins de 20% de l’objectif fixé alors que l’interdiction de certains véhicules est prévue pour le 1er janvier 2025[2].

Ce n’est donc ni l’idéologie ni l’électoralisme mais bien la bonne gestion et la rationalité qui nous ont mené à prendre cette décision.

La transition est un impératif, mais elle ne se fera pas contre les citoyens, ni de manière dogmatique.

C’est cette philosophie qui nous a conduits à ces deux votes aujourd’hui avec nos partenaires du PS et d’Engagés et le VLD. Je suis ravi aussi de voir d’autres choisir de voter notre texte.

Si vous avez des questions sur ces deux sujets ou sur autre chose, n’hésitez jamais à me contacter !

Notre programme est clair : Good Move c’est stop !

Invité de la matinale de Bel RTL, j’ai rappellé la position du MR concernant Good Move : c’est stop. Les Bruxellois et les Bruxelloises ont élu le MR premier parti à Bruxelles. Ce choix est synonyme d’une chose: ils veulent une politique différente du passé.

Après 20 ans d’opposition, le MR veut donner une nouvelle impulsion à la Région bruxelloise.

Formation du Gouvernement : quésaco ?

Il est urgent d’avoir un Gouvernement. Les Bruxellois veulent des mesures pour notamment régler le déficit de 2 milliards (sur un budget de 7-8 milliards).  Les navetteurs de la Gare du Midi attendent des transformations et une sécurité accrue. Les commerçants rue de Brabant attendent une amélioration de la propreté.

Pour rappel, la majorité francophone est formée et sera constituée du MR, du PS et des Engagés. La majorité francophone est dans l’attente depuis début aout de la majorité néerlandophone qui tarde à venir. Cette situation est notamment dû au fait qu’un parti, « Team Fouad Ahidar », a récolté énormément de voix de la part des électeurs francophones alors qu’il est catégorisé comme parti néerlandophone. Pour régler à ce problème de poids des néerlandophones, j’opte pour des listes bilingues. « Lorsque vous regardez les élections communales, presque tous les partis, dans chaque commune bruxelloise, ont opté pour des listes bilingues. Faire le même à la Région permettrait de résoudre ce problème« .

Enfin, concernant le choix de Madame Van Den Brandt à se retirer de son rôle de formatrice côté néerlandophone, j’appelle à la responsabilité. « Le MR ne partage pas du tout le même programme que Groen. Mais nous sommes des personnes de responsabilité, et c’est autour de la table que vous trouvez des compromis. Nous avons tous des différences. Lorsque vous faites un Gouvernement, vous devez dépasser les clivages , pas vos différences. »

Interview à retrouver ici.

Watermael-Boitsfort : finances au top, attractivité de la place Keym, quid des jeunes. Le point sur la commune.

Retour sur le débat des têtes de liste pour Watermael-Boitsfort en vue des élections communales du 13 octobre. Débat à retrouver ici.

Des finances en bonne santé

Le MR a sous ses compétences l’échevinat des finances depuis plusieurs années. Venant d’être déposé, le budget présente un boni de 1 million. Watermael-Boitsfort est aujourd’hui une des communes les mieux gérées. En matière de budget, sur les 19 communes bruxelloises, 14 sont en difficulté bugdétaire. A contrario de Watermael-Boitsfort qui est une des mieux gérées. Lorsqu’un projet est présenté, derrière la commune peut se permettre financièrement de le lancer.

Pas de nouvelles constructions au Chant des Cailles ni à Tritomas

MRGM-Engagés n’est pas favorable à de nouvelles constructions au Chant des Cailles. Pareil pour l’espace Tritomas où la Région veut, à nouveau, imposer des constructions à Watermael-Boitsfort. Il existe suffisamment de terrain qui ont déjà été construits, qu’il existe suffisamment de logements qui doivent être rénovés. Nous estimons que l’effort de la commune a déjà été fait.  La commune doit être entendu à la Région, avoir un leader fort.

Malheureusement je constate que, comme par hasard, des containers ont été installés pile à l’endroit où la commune s’oppose à ce projet de constructions. Bruxelles dispose malheureusement de peu d’espaces verts. Il serait regrettable de les diminuer davantage. Par ailleurs, je ne pense pas que la construction de 70 logements régleront la problématique du logement dans la capitale.

Place Keym et galerie : nouvelle attractivité

En continuité avec la problématique précédente où la Région impose ses décisions, nous regrettons son choix de nous interdire un « tourne-à-droite » à la Place Keym. Les Boitsfortois méritent une mobilité fluide.
Enfin, pour avoir une place Keym vivante, il était également important de régler la question du bail emphytéotique dans la galerie. Par le passé, trop de baux de commerces n’étaient plus renouvelés. Grâce à notre échevin Jean-François de Le Hoye, progressivement, on voit apparaître déjà un ou deux nouveaux commerces. C’est très important parce que l’un n’ira pas sans l’autre. Il faut une galerie qui est prospère, avec une nouvelle place Keym.

Une commune aussi pour les jeunes

Deux éléments. Premièrement, il existe dans la commune énormément d’activités (parc sportif, centre culturel, etc.). Toutefois, ces dernières sont trop méconnues des jeunes. Il faut améliorer la communication.
Deuxièmement, je trouve que la commune a tendance à être un peu trop calme. Je suis demandeurs de davantage de festivités, dans le respect des habitants bien entendu. Lors d’un concert, d’une diffusion d’un match, l’évènement affiche régulièrement complet. Les habitants sont demandeurs de tels festivités.

En parallèle, en tant que Président de CPAS, j’ai vu ces dernières années de plus en plus de jeunes qui venaient frapper à la porte du CPAS. Je remercie la commune de nous avoir soutenu financièrement au niveau du CPAS depuis de nombreuses années. Pouvoir répondre au mieux à ces jeunes, financer leurs études très souvent et s’assurer qu’ils puissent trouver un emploi par après. On doit être attentif à ça. Watermael-Boitsfort n’est pas une commune que riche. En réalité, il y a beaucoup de difficultés qu’il faut pouvoir entendre.

 

« J’appelle à la responsabilité. Reprenons les négociations tout de suite »

Pour rappel, ce vendredi, la formatrice néerlandophone Elke Van den Brandt démissionne de son poste. Dans Le Soir, j’ai appelé tout le monde à prendre ses responsabilités ». J’invite également les partis flamands à envisager la participation de la N-VA aux discussions.

La formatrice néerlandophone, Elke Van den Brandt, a claqué la porte des discussions vendredi, et avec elle, les verts flamands. La présumée coalition bruxelloise se disloque ? Tout est par terre ?

Non. Les partenaires francophones, le PS, les Engagés, sont là, avec nous ; on est prêts depuis juillet, on va reprendre. Mais il reste, bien sûr, les Flamands… Avant cela, je voudrais dire ceci : comme vous le savez, c’est aujourd’hui la rentrée parlementaire à Bruxelles : 89 députés sont à pied d’œuvre et, légitimement, ils ont envie de prendre la place qui est la leur… Alors là, attention aux décisions qui pourraient être prises dans une série de domaines avec des majorités multiples sans qu’un gouvernement puisse recadrer les choses, maîtriser la situation.

 

Vous voulez dire que le parlement, s’il est livré à lui-même, sans une majorité gouvernementale qui maîtrise la situation, pourrait, à la faveur de majorités de circonstance, légiférer non seulement sur les zones de basses émissions, mais pourquoi pas aussi sur le plan Good Move, qui pourrait y passer, et d’autres choses ?

Bien sûr. Et cela plaide, vous l’aurez compris, pour une reprise rapide des négociations, sans attendre les communales. Registre motivations, ajoutez – et ce n’est pas un détail – la nécessité de s’attaquer aux graves déficits régionaux : 2 milliards d’euros, sur un budget de 7 milliards, c’est gigantesque. Il y a aussi la nécessité de gérer la crise chez Audi : les travailleurs ne comprendraient pas. Je pense par ailleurs aux problèmes de sécurité à Bruxelles, au dossier « gare du Midi »… Bref, on voit bien qu’on ne peut pas attendre. Et, avec le blocage que nous connaissons du côté flamand, je mets en garde aussi contre une possible crise institutionnelle. Donc, non, nous ne pouvons pas temporiser jusqu’aux communales. J’appelle tout le monde à prendre ses responsabilités, à travailler à la constitution d’une coalition gouvernementale. Les partis francophones sont prêts, et j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi ce n’est pas le cas côté néerlandophone après tout ce temps. Peut-être faut-il désigner un conciliateur parmi eux pour tenter de sortir de la difficulté. J’ai pris quelques contacts ces dernières heures, nous verrons.

Report de la prochaine norme Lez et prolongation des primes Renolution

Le MR, avec Les Engagés et le PS, les partis qui négocient un nouveau gouvernement bruxellois du côté francophone, veulent présenter une proposition au Parlement bruxellois qui reporterait l’introduction de la norme d’émissions plus stricte de la zone à faibles émissions (LEZ) de début 2025 à début 2027. Les trois partis cherchent également une solution à la question de la prime Renolution suspendue, la prime qui permet aux résidents bruxellois de récupérer une partie du coût de leurs travaux de rénovation et d’économie d’énergie.

LEZ : reporter l’exclusion des véhicules Euro 5 à 2027

En ce qui concerne la zone à faibles émissions, nous voulons reporter l’introduction de la norme d’émissions plus stricte de janvier 2025 à début 2027. Cette norme d’émission plus stricte comprend une interdiction des véhicules Diesel EURO 5, ce qui exclurait un grand nombre de voitures Diesel. « Le 1er janvier 2025, c’est demain« , affirment les trois partis.

Ils soulignent que la LEZ a déjà permis de renouveler le parc automobile et d’améliorer la qualité de l’air, mais que toutes les personnes possédant un véhicule EURO 5 n’ont pas encore pu acheter un nouveau véhicule. Le report permettrait à ces personnes de « s’adapter à la phase suivante à un rythme réaliste« . Selon les trois partis, il s’agit d’une « approche pragmatique« .

Payer les demandes de primes Rénolution

En ce qui concerne les primes à la rénovation, on a appris l’été dernier que les primes pour les interventions à haut rendement énergétique étaient épuisées. C’est pourquoi les primes ont également été suspendues depuis le 16 août. Cette décision a suscité beaucoup de critiques et d’inquiétudes parmi les Bruxellois en rénovation et le secteur de la construction.

Afin d’apaiser ces inquiétudes, on propose que toutes les demandes de primes pour des travaux dont la facture finale est payée d’ici fin 2024 soient éligibles et ce, aux mêmes conditions qu’avant la suspension. Ces demandes pourront également toujours être introduites et traitées en 2025, conformément à la réglementation qui prévoit que l’introduction de la demande doit se faire dans les 12 mois suivant l’exécution des travaux.

Il est important que le gouvernement bruxellois respecte la parole donnée. « Les personnes qui ont entamé des travaux de rénovation dans l’espoir légitime de recevoir une prime doivent y avoir droit. C’est une question de confiance« , peut-on lire. En outre, le système de primes lui-même devra « évoluer« .

Ce faisant, il appartient au futur gouvernement bruxellois d’en préciser au plus vite les modalités afin que les Bruxellois « puissent entamer ou poursuivre leurs travaux de rénovation en toute sérénité« .

Conquérir Bruxelles « en s’inspirant d’Obama »

Ces 6 derniers mois, Le Soir m’a suivi pour tracer mes journées et analyser davantage les recettes du MR Bruxelles.

 

 

Obama l’a fait, pourquoi pas lui ? Bon, d’accord, on pousse un peu. Mais tout de même. C’est bien de la campagne menée par l’ex-président américain pour décrocher le bureau ovale que s’inspire la tête de liste MR en Région bruxelloise. Rien de moins.

David Leisterh sait qu’il part avec un handicap sérieux. Le patron des bleus de la capitale n’a récolté que 1.988 voix en 2019, à la 9 e place sur la liste régionale. Certes, il occupe désormais la première, mais pour approcher les 16.856 voix de la tête de liste de l’époque, Françoise Schepmans, il y a du boulot. « J’ai un déficit de notoriété gigantesque », confesse-t-il. « Je dois toujours justifier ma légitimité et ma crédibilité. » Sachant qu’en face, il affronte l’écolo Zakia Khattabi et le socialiste Ahmed Laoouej, quelque 30.000 voix chacun en 2019 (à la Chambre). Alors il en est convaincu : « Si je n’ai pas une campagne bien organisée, ça n’ira pas. »

Depuis deux ans, il y travaille donc, à cette campagne : esquissant un projet de réformes à imposer « en 100 jours » ; ciblant des thèmes prioritaires (sécurité, mobilité, propreté, mais aussi emploi et budget) ; élaborant avec un communiquant un narratif bruxellois spécifique… Et s’inspirant d’Obama, donc : « Il avait priorisé certains Etats dans lesquels il a fait campagne de façon approfondie en 2008, quartier par quartier. Nous avons fait pareil : on a mis le focus sur cinq communes dans lesquelles on a perdu le plus de voix en 2019, qui représentent quelque 300.000 électeurs, soit à peu près la moitié : Bruxelles-Ville, Molenbeek, Ixelles, Anderlecht et Schaerbeek. On n’avait plus parlé aux gens de ces quartiers depuis longtemps. Une fédération de commerçants locaux m’a dit un jour que j’étais le premier MR qu’elle rencontrait. »

David Leisterh a clairement identifié ses deux défis, l’un personnel, l’autre collectif : se faire connaître et implanter le MR dans les communes du nord de la Région – sans perdre l’électorat libéral classique du sud.

Alors c’est parti.

Stratégie en trois temps

« Bruxelles a été divisé en quartiers et on avance sur plusieurs de front et en trois temps : d’abord, de la promotion sur les réseaux sociaux pour annoncer notre venue. Puis du porte-à-porte. Ensuite un apéro-rencontre dans ces quartiers avec Sophie Wilmès ou Hadja Lahbib comme produit d’appel. » Au final, ce vaste programme a pris pas mal de retard, les apéros sont moins nombreux que prévu (trop lourds en logistique) et Sophie Wilmès, candidate à l’Europe, moins présente. Mais la stratégie de terrain reste prioritaire.

David Leisterh enfonce régulièrement le clou. Comme ce soir de décembre, dans un établissement de la Grand-Place, avec les responsables de la section de Molenbeek. « Je sais que vous faites du terrain, mais y a-t-il des endroits où on peut aller un peu plus ? Comment faire pour qu’un maximum de gens nous voie en un minimum de temps ? » Et il interroge : « Pourquoi n’y a-t-il pas davantage de faiseurs d’opinion issus de la diversité dans nos rangs à Molenbeek ? » Réponse : « Laisse-nous un peu de temps, David. Ce n’est pas simple pour eux de venir au MR à Molenbeek, ils ne sont pas bien vus quand ils franchissent le pas, même si cela évolue. » Car ceux qui sont tentés de franchir ce pas, explique-t-on, sont découragés, ciblés sur les réseaux sociaux, voire menacés. « Certains se sont retirés deux jours avant le dépôt des listes en disant que c’était trop de pression », confiera plus tard David Leisterh. Et la situation à Gaza ne facilite pas la tâche des bleus… Sans oublier, relèvent les Molenbeekois, qu’« il nous faut continuer à chouchouter notre électorat traditionnel ».

« Moi, je n’en dors plus »

Attirer de nouveaux profils sur la liste régionale, des candidats, singulièrement des candidates, issu(e)s de la diversité n’a pas été une sinécure. Plusieurs ont été approchées et ont refusé. David Leisterh y a passé des semaines. Avec cette difficulté : placer les nouveaux revient à reléguer parfois loin, voire à des places de combat, des libéraux de longue date ou députés sortants. Et à passer des dizaines de coups de fil délicats – « Je ne suis vraiment pas fait pour ça… » Ce jour-là de février, c’est Françoise Schepmans qu’il doit convaincre : « Es-tu prête à m’aider ou pas ? J’essaie d’avoir le reflet de la diversité dans le top dix. Tu as l’avantage de faire tes voix toute seule. Ça m’aiderait si tu acceptais la 8 e place (elle aura finalement la 9 e , NDLR). Dors dessus. Moi je n’en dors plus depuis trois semaines… »

Lors d’une soirée Tupperware à Auderghem, en mai, la question de la diversité lui est posée : « Pourquoi avoir été chercher des proches d’Emir Kir (ex-PS) ou Youssef Handichi (ex-PTB) ? » David Leisterh assume : « J’ai une certaine admiration pour les candidats MR qui vont plaider pour la neutralité de l’Etat, l’abattage avec étourdissement, chaussée de Gand ou gare du Nord. » « Ils le font ? », insiste un citoyen. « Oui, ils le font ! Notre parti défend une société universaliste qui repose sur un socle de valeurs communes, dont la neutralité de l’Etat, et pas l’immixtion de la religion dans la sphère publique. Je veux un groupe MR au parlement bruxellois très fort sur les valeurs et diversifié. Sinon, on contribue au communautarisme. Et je tiens le même discours ailleurs, pas que dans les quartiers cossus. »

« Bonjour, je me présente… »

Allons-y, ailleurs. Pour un porte-à-porte en fin d’après-midi, au départ de la place Jardin aux fleurs, au cœur de la ville de Bruxelles. « Certains n’avaient jamais vu un MR dans ces quartiers. On veut montrer qu’on n’est pas les crapules que d’aucuns disent. » Ils sont une bonne demi-douzaine, simple pin’s MR sur la poitrine et petit tract à la main, à se partager les deux côtés des rues.

Des portes restent closes, quelques habitants refusent poliment la carte tendue. Mais le discours de David Leisterhest rodé : « Bonjour, je suis tête de liste régionale pour le MR aux élections, je voudrais me présenter à vous. Cela fait longtemps que vous habitez ici ? Comment ça se passe ? » « Ça va, il y a des petits problèmes », répond cet homme issu de la diversité : « J’ai été cambriolé deux fois, ils ont tout pris, mes enfants ont parfois peur. » Le libéral laisse sa carte, « merci de votre accueil », sans un mot sur le programme sécuritaire du MR. « Non. Il faut agir au feeling et ici, il parlait plutôt du choc ressenti suite aux cambriolages. »

Plus loin, il va pouvoir développer, avec cet habitant « depuis 1989 », également d’origine étrangère, qui se plaint : « Le quartier a fort évolué, et pas en bien, c’est la galère en termes de sécurité… » Leisterh place son couplet : « On juge trop lentement en Belgique, et pas assez sévèrement. Le MR plaide pour une justice plus efficace. La sécurité, c’est la base. » L’homme opine, prend la carte qu’on lui tend. Comme cet autre, manifestement bleu convaincu, qui glisse : « Ici, tout va bien… à part Good Move. »

« Installer mon cabinet gare du midi »

Mais il en faut plus pour se faire largement connaître. Alors après les marchés de Noël en décembre, le tour des 19 sections locales en janvier, David Leisterh multiplie les apparitions : dans un salon de thé à Cureghem pour suivre un match de foot, au vernissage d’une expo, à une pièce de théâtre de jeunes de Molenbeek, au déjeuner d’entrepreneurs immobiliers à Uccle… Passant d’un rendez-vous à l’autre à moto trois roues. Car il lui faut maintenir deux fers au feu : « Le monde de la bourgeoisie et des entreprises au sud de Bruxelles et celui de la diversité au nord. »

En mars, il entame la phase active des débats : quatre, cinq, par semaine, dans les écoles, les organisations patronales ou syndicales, les associations, les médias… Il les prépare soigneusement : « Je dois tous les gagner, je n’ai pas le choix. Je ne peux pas me permettre une erreur, on ne me laissera pas me tromper. » A partir d’avril, les porte-à-porte prennent de l’ampleur, les soirées Tupperware chez des habitants aussi, où de 10 à 80 personnes viennent l’écouter, l’interroger. Entre les coups, il se relaxe avec les mémoires de Margaret Thatcher, après avoir lu Leadership d’Henry Kissinger, nage, court.

Ce soir de mai déjà évoqué, ils sont une quinzaine à Auderghem pour la soirée « Tup’ ». Ici, pour convaincre, David Leisterh personnalise son discours : « J’ai été indépendant, on a ouvert un petit resto avec ma femme, j’ai vu comment la mobilité, les charges, les taxes… peuvent tuer un petit commerce. Après deux ans, on a arrêté, pas moyen de gagner un euro. » Le discours passe… Et pour prouver le sérieux des réformes qu’il porte en termes de création d’emplois, de propreté, de mobilité, de partenariat public-privé, il explique avoir été découvrir « ce qui s’est fait à Glasgow, Copenhague, Malines, Paris ». Et à la classique remarque sur le côté clivant de son président et « meilleur ami », il réplique : « De moi, certains disent que je ne serai pas un bon négociateur ou un bon gestionnaire parce que je ne fais pas de la politique de façon agressive. »

Pendant près de trois heures, sans notes, il répond encore aux questions sur les loyers trop chers, le libéralisme social (« Je serais très heureux de gouverner à Bruxelles avec Les Engagés »), « l’islam politique » (« Je ressens un repli communautaire et religieux assez puissant dans certains quartiers »), la violence dans les rues… Et conclut sur cet engagement : « Je voudrais installer mon cabinet gare du Midi et y rester jusqu’au moment où le problème dans le quartier est résolu. »

Ce n’est pas la seule de ses singularités : « Depuis toujours », confie David Leisterh pourtant en pleine campagne électorale, « j’ai envie de donner des cours de français en Angleterre et de travailler le soir dans un bar fish and chips ! » Bon, ministre-président bruxellois, après le 9 juin, il est preneur aussi !

Sécurité, Emploi, Formation : Bruxelles doit mieux faire

Sur La Première, et en duel face à Bernard Clerfayt, Ministre de l’Emploi sortant, j’ai pu exprimer nos positions concernant plusieurs enjeux.

Tout d’abord, en termes d’emploi et formation, nous voulons aller plus loin pour baisser le niveau de chômage et faire en sorte que l’on puisse augmenter les recettes et donc augmenter le salaire net des gens. Presque 50% des demandeurs d’emploi à Bruxelles le sont depuis plus de deux ans. Qu’a fait le Gouvernement pour activer ces personnes ? Nous voulons réformer Actiris pour que des formations et des emplois soient proposés après quelques semaines, et non plusieurs mois. Et si, après le refus de plusieurs emplois/formations, oui les allocations doivent être stoppées. La Flandre qui a mis en place ce système à un taux de chômage de 4%.

Concernant la sécurité, il faut également aller plus loin. C’est vrai que si l’on compare nos deux programmes, nous voulons aller plus loin sur l’application des peines. En jugeant aussi plus rapidement.

Enfin, il va falloir rationaliser les dépenses mettre en place un un budget de base zéro. Vous avez à Bruxelles toute une série d’institutions qui ont été créées ces dernières années qui ont fait exploser les dépenses, probablement qu’il y a une rationalisation qui peut avoir lieu.

Le débat est à retrouver en intégralité ici. 

“Le PS a mené une politique laxiste à Bruxelles ces vingt dernières années”

Pour 7sur7, j’ai donné une interview en long et en large sur nos mesures.

 

Vous êtes candidat ministre-président bruxellois. Si les résultats des élections vous le permettent, êtes-vous prêt à prendre la main?

“Nous sommes prêts à 200 % parce que ça fait vingt ans qu’on s’y prépare. C’est très long. Nous n’avons peut-être pas la connaissance millimétrée de ceux qui sont au pouvoir depuis 35 ans, mais nous conservons cette part de virginité qui, selon moi, est un avantage. Nous sommes en contact depuis des mois, voire des années, avec des personnes qui travaillent en back-office à Bruxelles et qui nous demandent de revenir aux affaires. Elles ont besoin de changement.”

Malgré un manque d’expérience au niveau exécutif?

“C’est aussi une question de personnalité. Il faut être capable d’imposer une ligne claire lorsqu’on arrive aux manettes. Je pense l’avoir montré à la présidence du MR à Bruxelles. J’occupe aussi une place exécutive au niveau local depuis maintenant douze ans (à Watermael-Boitsfort, NDLR). Je pense être tout à fait capable de diriger la Région.”

Quelle coalition favorisez-vous?

“Les vainqueurs des élections, ceux qui ont progressé par rapport au dernier scrutin. Plus spécifiquement, je pense qu’il y a quand même plusieurs points de programme défendus à la fois par Les Engagés et par DéFI qui pourraient nous aider à faire basculer toute une série de politiques menées à Bruxelles depuis des années.”

À l’inverse, vous avez des exclusives?

“Le PTB, on n’y pense même pas, contrairement à d’autres. Et le Vlaams Belang, bien sûr.”

Les fusillades sont désormais monnaie courante, tout comme les agressions à l’arme blanche. Comment lutter contre l’insécurité croissante qui règne à Bruxelles?

“Si nous sommes dans cette situation aujourd’hui, c’est aussi parce que le PS a mené une politique laxiste ces vingt dernières années. Ils se sont opposés à toute mesure sécuritaire supplémentaire à Bruxelles, envoyant dès lors un message très clair aux criminels. À chaque fois qu’on a eu le malheur de venir avec des propositions plus sécuritaires, ils nous ont traités de fascistes ou nous ont accusés de frôler avec certains extrêmes. On voit le résultat aujourd’hui.”

“Rudi Vervoort (le ministre-président bruxellois, NDLR) n’a pas pris la situation en main. Bien sûr, il répondra qu’il n’a pas toutes les compétences, mais il a celle d’être responsable de Bruxelles. Si je deviens ministre-président et que je constate que je manque de moyens pour faire face à ce problème, je convoquerai directement un Comité de concertation (qui réunit les entités fédérées et le fédéral, NDLR) pour en demander davantage. Sinon, on n’avancera pas.”

Vous demandez un refinancement de la part du fédéral?

“J’aimerais d’abord savoir ce qu’on a fait avec l’argent que le fédéral a octroyé pour la justice et la sécurité. Où est parti cet argent? Maintenant, si on me dit qu’il en faut plus, pas de problème. En revanche, on doit mener une politique beaucoup plus sévère en matière de poursuites judiciaires. Il faut identifier les délits que l’on retrouve trop régulièrement à Bruxelles et s’assurer que l’on ne lâche personne dans la nature. Le ministre-président a un pouvoir de persuasion et d’influence qui peut s’avérer très utile.”

Good Move, stop ou encore?

“Il faut arrêter. Même si ça se passe bien dans certaines zones, ce plan a été réalisé de manière catastrophique à des tas d’endroits. Il y a toujours autant d’embouteillages et les gens sont encore plus énervés qu’avant. Ce n’est pas normal. D’ailleurs, je n’entends plus personne dans ce gouvernement, à part la ministre compétente (Elke Van den Brandt, NDLR), encore assumer Good Move. C’est un plantage total.”

Le métro 3, on continue de creuser ou on arrête les frais?

“On continue, bien sûr. Si nous arrivons au gouvernement, nous examinerons chaque ligne du cahier des charges pour voir où on peut réduire les coûts. Faut-il que chaque station prévue sur cette ligne 3 soit aussi grande que la gare de Mons? On peut aussi lever de l’argent privé. Il existe d’autres sources de financement qui permettront aux quartiers du bout d’Evere et de Schaerbeek de bénéficier aussi d’un métro. Honnêtement, je me demande si l’on n’a pas saboté ce projet, puisque ceux qui vous disent aujourd’hui que c’est trop cher sont les mêmes qui ne voulaient pas le métro initialement.”

“Je veux garantir que le métro, le transport en commun qui est le plus rapide, le plus efficace, le moins polluant et le plus plébiscité par les Bruxellois, puisse se développer à Bruxelles, comme dans d’autres grandes villes.”

Les finances de la Région sont dans le rouge, comment les remettre dans le vert?

“Premièrement, il faut revenir à l’orthodoxie budgétaire: un déficit des organismes publics qui ne dépasse pas 0,5% , des contrôles budgétaires tous les deux mois au minimum et un budget étudié au centime près. Cela risque de faire mal, mais on n’a pas le choix.”

“Ensuite, il convient de rationaliser les structures: faut-il qu’il y ait quatre à six organismes appelés à donner leur aval ou leur avis dans le cadre d’un permis d’urbanisme? À Bruxelles, on a créé tellement de structures pour y placer autant de copains qu’à la fin, non seulement ça prend plus de temps, mais en plus, ça coûte plus cher. De même, les cabinets ministériels doivent-ils être aussi massifs?”

“Enfin, il faut ramener des recettes à Bruxelles, en créant et surtout en conservant la classe moyenne. Il faut également augmenter le taux d’emploi. Il y a 90.000 demandeurs d’emploi à Bruxelles. Je ne dis pas qu’ils doivent trouver un job demain, certains ont de bonnes raisons de ne pas en avoir aujourd’hui, mais il y a 200.000 postes qui ne sont pas pourvus, ce n’est pas normal. Il faut réformer Actiris. On ne peut pas accepter qu’il y ait autant des gens qui sont toujours demandeurs d’emploi après plus de deux ans.”

Retrouvez l’intégralité de l’interview de 7sur7.

La gauche tente de cacher son bilan désastreux

Pour la DH, j’ai répondu à plusieurs questions. L’intégralité de l’interview est à retrouver ici. 

“Les socialistes cherchent à cacher leur bilan désastreux en nous accusant d’extrême droite ou en utilisant des conflits internationaux”.

Une campagne d’affichage menée ce matin notamment à Bruxelles et accusant le MR de flirter avec l’extrême droite ou les accusations des socialistes relatives aux réactions du MR sur le projet du PS de pouvoir passer son permis de conduire en huit langues a fait sortir le président du MR bruxellois de ses gonds. David Leisterh vise directement le PS et le PTB, deux partis qu’il estime liés dans une “ dangereuse coalition des gauches”.

Le Boitsfortois invite les laïcs du PS de se faire entendre. “ En mettant l’accent en permanence sur lecommunautaire, le religieux ou l’identitaire, le PS veut surtout cacher son bilan désastreux à Bruxelles. Nous soulignons leur bilan depuis 20 ans sans le MR. Ils cherchent à le cacher en utilisant des conflits internationaux ou en nous accusant d’extrême droite. Notre liste n’a jamais été aussi diversifiée. Leurs arguments ne tiennent pas. Bruxelles est une belle diversité dont une grande majorité a longtemps été trompée par la gauche sur les valeurs du travail ou du mérite. Penser que les points perdus dans les sondages se rattrapent en points Godwin est symptomatique de leur errance idéologique. Il fut un temps où la gauche ne s’intéressait qu’à une couleur : celle de votre col, bleu ou blanc. Ils ont perdu les travailleurs et veulent aujourd’hui faire du communautarisme.”

 

La dérive identitaire du PS bruxellois est directement liée à leurs mauvais résultats dans les sondages, analyse David Leisterh : “ le PTB dicte aux partis de gauche – PS mais aussi Ecolo – ce qu’ils doivent ou ne doivent pas faire. En réalité, le loup PTB est déjà dans la bergerie, en grande partie à cause de la faiblesse des partis de gauche. Les Bruxellois doivent comprendre que tout parti qui formera un gouvernement avec le PS verra sa boussole de facto orientée vers celle du PTB. Même si l’extrême gauche n’est pas autour de la table, elle dicte letempo du PS.”

 

Le loup PTB est dans la bergerie”

Quelques exemples ? “ Ils sont légion. Le conflit sur le décret Paysage, ça n’est jamais qu’une manœuvre du PTB. Le revirement du PS sur la zone de basses émissions (Lez), c’est le PTB qui l’a martelé dans les quartiers populaires, le revirement du PS par rapport à Good Move ou Smart Move, c’est aussi parce que le PTB a fait pression dans les quartiers” , pose David Leisterh, rappelant que ces trois projets étaient inscrits dans ladéclaration de politique générale du gouvernement bruxellois en début de législature. “ Le Code du bien-être animal, même si le PS assume son positionnement, aucun compromis ne sera possible tant que le PTB continuera à influencer le gouvernement bruxellois mais aussi les présidents de parti.”